La chronique de Dov Z. : vers la sortie de crise ?
Avec l’aimable autorisation de l’auteur, nous reproduisons sa chronique économique donnée sur radio J.
Dov Zerah est haut fonctionnaire. Il a été élu conseiller municipal dans la ville de Neuilly sur Seine en 2008 sur la liste « Fidèle à Neuilly ».
CHRONIQUE DU 19 FEVRIER 2009.
Au-delà de la définition d’une bonne politique économique, nos dirigeants sont confrontés à un exercice difficile: comment gérer l’information sur la réalité de la crise.
Pour éviter d’accentuer la sinistrose et les anticipations négatives, il est préférable de minimiser ou relativiser les chiffres sur l’activité économique.
En revanche, à trop enjoliver la réalité, le discours politique perd en crédibilité et une information économique insuffisamment fiable perturbe le bon fonctionnement du marché.
Une chose est sure aujourd’hui: cinq mois après le déclenchement de la crise, tous les pays sont entrés en récession.
La zone € a enregistré un recul de son PIB de 1,5% au 4ème trimestre, moyenne qui recouvre de fortes disparités: -2,1 pour l’Allemagne, baisse jamais vue depuis vingt ans, -1,8 pour l’Italie, -1,5 pour le Royaume-Uni. La France s’en sort relativement mieux avec -1,2%. Cette forte baisse allemande s’explique par une importante diminution des exportations industrielles.
Cette cause explique également la violente récession japonaise: après avoir baissé de 3,7% au 2nd trimestre et de 1,8 au 3ème, la baisse du PIB attendu pour le 4ème est estimée entre 10 et 14%. La production industrielle japonaise a baissé de plus de 20% sur 2008.
Cette dégradation rapide de l’activité économique européenne interpelle. Le traditionnel amortisseur social européen a joué puisque l’Europe est rentrée en crise plus tardivement que les Etats-Unis, mais le repli est maintenant plus fort qu’outre-Atlantique.
Cela signifie clairement qu’il ne faut pas attendre une sortie de crise avant la 2nd semestre 2010 et que l’année 2009 sera, comme l’a indiqué Jean-Claude TRICHET «exceptionnellement difficile».
La véritable question qui se pose est de savoir s’il sera possible d’éviter la dépression. La réponse à cette question tient en deux éléments: quand les banques auront-elles fini de purger leurs créances toxiques? Par ailleurs la rapidité et la pertinence des plans de relance.
Essayons d’apprécier le premier point. Force est de constater que la crise financière a entrainé la crise économique, et c’est maintenant la crise économique qui empêche la consolidation bancaire. En effet, les difficultés, voire les faillites des entreprises rendent pour les banques de nouvelles créances irrécouvrables, après les crédits immobiliers. Ainsi, le FMI est passé de 975Mds$ d’actifs toxiques à 2400Mds$. Nouriel ROUBIN avance même le chiffre de 3600Mds$. Avec 1200Mds$ de capital, le système bancaire est en faillite virtuelle.
Nous ne pourrons renouer avec une croissance durable tant que la situation du secteur bancaire ne sera pas stabilisée. Quels qu’aient été les efforts déjà consentis par les gouvernements pour assurer le refinancement bancaire et recapitaliser, voire nationaliser certains établissements, ce n’est pas suffisant. Les américains envisagent mettre en place une structure de défaisance de 500 à 1000Mds$ pour récupérer ces créances…Il est grand temps de mettre en place cette structure et elle aurait du être un élément essentiel du plan de relance américain.
Là, nous retrouvons le second élément pour savoir si nous allons ou pas vers la récession: la rapidité et la pertinence des mesures de relance. Force est de constater que le plan OBAMA ne donne satisfaction sur aucun de ces deux critères.
Quoiqu’élu début novembre et disposant d’une confortable majorité tant au Sénat qu’à la Chambre des représentants, le président OBAMA a du attendre trois mois pour promulguer son plan.
Par ailleurs, sur les 789Mds$ votés, seuls 24% vont à des dépenses directes ayant le plus d’effets sur la relance économique. Les ménages vont utiliser les 300Mds$ de baisses d’impôt pour se désendetter ou pour épargner. Lorsque le Trésor est endetté et que le déficit est important, une relance par des baisses d’impôt ne constitue pas la mesure la plus pertinente. Il eût été plus efficace de réajuster le plan PAULSON de soutien au secteur bancaire en mettant en place la structure de défaisance des crédits bancaires.
Ces baisse d’impôt, comme les 130Mds$ prévus pour les 40 Etats en difficulté étaient peut être nécessaires pour des raisons politiques, mais elle ne nous rapprochent pas de la sortie de crise.
Thank you!