La chronique de Dov Z. : plan de relance aux USA

Avec l’aimable autorisation de l’auteur, nous reproduisons sa chronique économique donnée sur radio J.

Dov Zerah est haut fonctionnaire. Il a été élu conseiller municipal dans la ville de Neuilly sur Seine en 2008 sur la liste « Fidèle à Neuilly ».

CHRONIQUE DU 12 FEVRIER 2009.

Le plan de relance des Etats-Unis

Pour obtenir le vote de son plan de relance par le Sénat américain, puis par le Congrès, le Président OBAMA dramatise la situation.

Jamais, depuis 1945, l’économie américaine n’a connu une telle récession, voire une telle dépression. Pour en être convaincu, il suffit de rappeler qu’en 2008, 2 600 000 emplois ont été détruits dont 2 000 000 au cours des quatre derniers mois de 2008, soit 500 000 par mois…chiffres impressionnants qui se sont accentués en janvier avec 800 000 suppressions.

Certains s’attendent, pour 2009, à 2 500 000, voire 3 000 000 nouvelles pertes d’emplois et à une contraction importante du PIB américain, après une diminution estimée à 3,8% pour le 4ème trimestre de 2008.

Les principales composantes de l’économie, à savoir la consommation et l’investissement sont fortement orientés à la baisse. Elément positif important: le déficit commercial est en nette diminution grâce à une baisse importante des importations, consécutive à la baisse du pétrole et des matières premières.

Au-delà de ces chiffres globaux, la situation de l’industrie automobile américaine a de quoi inquiéter, car la crise structurelle risque de s’ajouter à la crise conjoncturelle, après avoir frôlé les faillites bancaires en cascade. Le montant des créances bancaires douteuses ou pourries ne cessent d’augmenter.

En révisant de 975Mds$ à 2200Mds$ le coût total de la crise financière, le FMI a laissé entendre que la crise bancaire ne sera pas réglée en 2009. Certains n’hésitent pas à avancer le chiffre de 3600Mds$.

Cela explique la volonté du Président OBAMA de voir le congrès rapidement approuver son plan.

Le plan, adopté par la chambre des représentants fin janvier s’élève à 820Mds$.

Beaucoup considèrent que cela fait beaucoup après le plan de relance de 150Mds$ du 18 janvier 2008 et les 700Mds$ du plan PAULSON. Avant même la prise en compte de ce nouveau plan, le déficit budgétaire pour 2009 était prévu à 1200Mds$, soit 7% du PIB, du jamais-vu depuis les 6% de 1983!

Même si ce déficit est encore supportable, eu égard le niveau de la dette publique fédérale, l’accentuation de ces déficits et leur permanence sur deux à trois ans devraient avoir des effets sur le niveau du dollar, sujet sur lequel nous reviendrons prochainement.

Beaucoup ne sont pas convaincus par les 300Mds$ de réductions d’impôts. Le Président OBAMA les aurait introduites pour essayer d’emporter l’adhésion de républicains. Ces réductions sont très critiquées pour au moins trois raisons:

–    l’importance des déficits publics ne justifient de procéder à des baisses d’impôt;

–    par ailleurs, ces cadeaux fiscaux risquent au mieux d’être épargnés ou utilisés pour diminuer l’endettement, au pire de permettre aux ménages des achats et d’entrainer, d’une façon ou d’une autre, une détérioration de la balance commerciale…

–    enfin, il n’est jamais recommandé de prendre des mesures difficilement réversibles pour accompagner une relance. Il faut utiliser des dispositions temporaires pour ne pas hypothéquer l’avenir.

Quels que soient les délais d’adoption du plan l’impact du plan tiendra principalement à l’importance des sommes en jeu et à la pertinence des mesures. Le Président n’a pas intérêt à forcer la cadence. Il vaut mieux un bon plan qu’un plan hâtivement bouclé et qui rencontre par après les difficultés du plan PAULSON.

Le Président OBAMA doit faire attention de ne pas rééditer les péripéties consécutives au rejet du Plan PAULSON, le Troubled Assets Relief Program (TARP), le 29 septembre 2009, en pleine crise bancaire.

L’efficacité de ce plan, pourtant largement doté de deux fois 350Mds$, a été contestée dés le départ. Tout d’abord, à cause de ses modalités d’intervention, qui ont d’ailleurs largement évolué depuis. Dans un second temps, la polémique enfle depuis quelques jours sur les conditions de gestion des sommes…

Le délai mis au vote du plan présente au moins l’intérêt et l’avantage que le Président OBAMA a accepté de retirer une disposition protectionniste; Celle-ci visait à obliger l’achat de fer ou d’acier américain pour tout projet d’infrastructures financé par le plan. Le débat suscité par cette mesure, tout comme les lenteurs de la procédure ont été utiles pour éviter l’engrenage du protectionnisme qui constitue la pire des réponses à apporter à la crise actuelle.

12/02/2009 News