{"id":7,"date":"2008-12-16T22:03:57","date_gmt":"2008-12-16T21:03:57","guid":{"rendered":"http:\/\/r16658.ovh.net\/?p=7"},"modified":"2008-12-16T22:03:57","modified_gmt":"2008-12-16T21:03:57","slug":"stress-au-travail-en-idf-a-evaluer-durgence","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/souilhe.eu\/stress-au-travail-en-idf-a-evaluer-durgence\/","title":{"rendered":"Stress au travail en IDF : \u00e0 \u00e9valuer d'urgence"},"content":{"rendered":"

Le stress au travail est un enjeu majeur pour l’Europe et le monde professionnel. Il ne cesse de s’accro\u00eetre depuis une quinzaine d’ann\u00e9es, et ce pour diverses raisons, telles que l’accroissement des m\u00e9tiers dans le secteur des services rendant le travail plus abstrait que par le pass\u00e9, les violences ressenties, l’absence d’autonomie alors que l’exigence augmente, la pr\u00e9carit\u00e9, etc. Il est au coeur de nombreuses probl\u00e9matiques actuellement, de nombreux journaux en parlent, et un rapport a r\u00e9cemment \u00e9t\u00e9 publi\u00e9 (rapport Nasse – Legeron remis au minist\u00e8re du travail http:\/\/www.ladocumentationfrancaise.fr\/rapports-publics\/084000156\/<\/a> )<\/p>\n

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Le stress professionnel survient selon l\u2019Agence Europ\u00e9enne pour la S\u00e9curit\u00e9 et la Sant\u00e9 au Travail lorsqu’il y a \u00ab un d\u00e9s\u00e9quilibre entre la perception qu\u2019une personne a des contraintes que lui impose son environnement et ses propres ressources pour y faire face. Bien que le processus d’\u00e9valuation des contraintes et des ressources soit d’ordre psychologique, les effets du stress ne sont pas uniquement de nature psychologique. Il affecte \u00e9galement la sant\u00e9 physique, le bien-\u00eatre et la productivit\u00e9 \u00bb.<\/p>\n

Diff\u00e9rents facteurs de stress professionnel existent. En voici une liste non exhaustive :
\n\u2212\u00a0\u00a0\u00a0 Les facteurs li\u00e9s \u00e0 la t\u00e2che ou au contenu du travail, avec de fortes attentes quantitative et qualitative, la monotonie, ou les risques inh\u00e9rents \u00e0 la t\u00e2che (dans les m\u00e9tiers \u00e0 risque par exemple).
\n\u2212\u00a0\u00a0\u00a0 Les facteurs li\u00e9s \u00e0 l’organisation du travail : Comment faire \u00e0 la fois vite et bien, impr\u00e9cision des t\u00e2ches \u00e0 effectuer, inadaptation des horaires \u00e0 la vie sociale et familiale, instabilit\u00e9 des contrats de travail
\n\u2212\u00a0\u00a0\u00a0 Les facteurs li\u00e9s aux relations de travail : peu de reconnaissance, management peu participatif manque d’aide des coll\u00e8gues ou des sup\u00e9rieurs
\n\u2212\u00a0\u00a0\u00a0 Les facteurs li\u00e9s \u00e0 l’environnement physique et technique : nuisances physiques, mauvaise conception des lieux de travail
\n\u2212\u00a0\u00a0\u00a0 Les facteurs li\u00e9s \u00e0 l’environnement socio-\u00e9conomique de l’entreprise : Mauvaise sant\u00e9 \u00e9conomique, augmentation de la comp\u00e9titivit\u00e9<\/p>\n

Les cons\u00e9quences du stress professionnel en Europe et en France<\/strong><\/span>
\nUne \u00e9tude datant de 1999 relatait le fait que les co\u00fbts des probl\u00e8mes de sant\u00e9 li\u00e9s au travail \u00e9taient de 185 \u00e0 269 milliards d’euros dans les quinze Etats membres. Si l’on consid\u00e8re que 10 % d’entre eux\u00a0 ont un lien avec le stress au travail, on obtient un co\u00fbt d’environ 20 milliards par an. Il est essentiel d’ajouter que 50 \u00e0 60 % des journ\u00e9es perdues seraient li\u00e9es au stress professionnel.
\nEn France, le co\u00fbt du stress professionnel a \u00e9t\u00e9 \u00e9valu\u00e9 par l’INRS (Institut National de Recherche et de S\u00e9curit\u00e9 pour la pr\u00e9vention des accidents du travail et des maladies professionnelles) en 2000. Le d\u00e9tail de l’\u00e9tude (et la m\u00e9thodologie retenue) est disponible sur leur site (http:\/\/www.inrs.fr\/inrs-pub\/inrs01.nsf\/IntranetObject-accesParReference\/Dossier%20Stress\/$FILE\/Visu.html<\/a>, cliquer sur le lien dans \u00ab\u00a0le co\u00fbt du stress\u00a0\u00bb)<\/span>. Notons simplement qu’ils n’ont retenu qu’un seul facteur de stress, le \u00ab job strain \u00bb, \u00e0 savoir la combinaison entre une forte pression au travail et le manque d’autonomie dans l’organisation du travail, et trois pathologies attribuables au stress (maladies cardio-vasculaires, d\u00e9pression et troubles musculo-squelettiques). Ils sont arriv\u00e9s au r\u00e9sultat suivant pour la France en 2000 : sur une population active de 23, 53 millions de personnes, 220 500 \u00e0 335 000 sont touch\u00e9s par une des trois pathologies. Selon cette hypoth\u00e8se, le co\u00fbt du stress\u00a0 professionnel serait compris entre 830 et 1656 millions d’euros par an, soit 10 \u00e0 20 % de la branche accidents du travail et maladies professionnelles de la S\u00e9curit\u00e9 sociale. Le co\u00fbt r\u00e9el est certainement plus \u00e9lev\u00e9, car l’\u00e9tude ne concerne qu’un seul stresseur.
\nUne \u00e9tude r\u00e9cente a \u00e9t\u00e9 men\u00e9e par le gouvernement sur les confrontations au stress en fonction du sexe, de l’\u00e2ge, des diff\u00e9rentes cat\u00e9gories socio-professionnelles. Cette \u00e9tude est disponible \u00e0 l’adresse suivante : http:\/\/www.travail-solidarite.gouv.fr\/etudes-recherche-statistiques-dares\/etudes-recherche\/publications-dares\/premieres-informations-premieres-syntheses\/2008-22.1-facteurs-psychosociaux-au-travail-evaluation-par-questionnaire-karasek-enquete-sumer-2003-.html<\/a>
\nAucune \u00e9tude n’a \u00e9t\u00e9 men\u00e9e en Ile de France mais le co\u00fbt de la vie, les temps de transport ainsi que la densit\u00e9 de population laissent \u00e0 penser que le nombre de personnes touch\u00e9es ainsi que le co\u00fbt du stress professionnel sont sup\u00e9rieurs \u00e0 ceux des autres r\u00e9gions fran\u00e7aises.
\n<\/span>
\nLes cons\u00e9quences du stress professionnel sur l’entreprise<\/strong><\/span>
\nLe stress doit devenir une pr\u00e9occupation d\u00e8s lors qu’il y a une multiplication des signes indiquant certains dysfonctionnements dans l’organisation du travail. On constate en effet une hausse de l’absent\u00e9isme, un turn-over important, une augmentation des maladies professionnelles et des accidents du travail, voire des suicides, trop rapidement attribu\u00e9s \u00e0 une fragilit\u00e9 personnelle (alors qu’ils sont effectu\u00e9s sur le lieu de travail ou avec une lettre mettant en cause le d\u00e9sespoir au travail). Ces suicides sont souvent la cons\u00e9quence de l’organisation du travail qui surcharge les salari\u00e9s, les isole et empi\u00e8te sur leur vie priv\u00e9e selon Christophe Dejours (Sant\u00e9 et Travail n\u00b060).<\/p>\n

Les cons\u00e9quences du stress semblent \u00e9videntes : il y a un malaise important chez les employ\u00e9s et une baisse de la productivit\u00e9.<\/p>\n

Quelles sont les solutions existantes?<\/strong><\/span>
\nA un niveau individuel, des consultations de souffrance au travail existent dans certains h\u00f4pitaux. On en d\u00e9nombre huit<\/span> en \u00cele de France (\u00e0 Paris, dans les Hauts-de-Seine et dans le Val de Marne). Ces consultations sont n\u00e9cessaires, mais m\u00e9connues du public. Il faut une prescription de la m\u00e9decine du travail pour y acc\u00e9der. Cependant, ces consultations ne permettent \u00e9videmment pas de modifier les conditions de travail des employ\u00e9s.
\nL’importance d’une action \u00e0 un niveau individuel est importante mais r\u00e9ellement insuffisante. Les mesures les plus efficaces seraient une remise en cause de l’organisation du travail. En effet, le travail devient de plus en plus dense (souci de productivit\u00e9 importante) et plus impr\u00e9visible (il faut s’adapter aux demandes de la client\u00e8le et fournir un travail sans d\u00e9faut). Le nombre de personnes travaillant dans l’urgence augmente et la question \u00e9thique de \u00ab\u00a0bien faire son travail\u00a0\u00bb surgit. Le salari\u00e9 doit faire face \u00e0 ses diff\u00e9rentes contraintes sans que l’organisation du travail ne lui permette r\u00e9ellement d’y r\u00e9pondre.
\nAu niveau de l’entreprise, des interventions sur les lieux de travail visant \u00e0 restructurer l’organisation du travail sont possibles, mais peu d’entreprises font la d\u00e9marche de recruter des consultants. Certaines ne proposent que des ateliers de gestion du stress mais la source du probl\u00e8me demeure telle quelle. Cela a n\u00e9anmoins le m\u00e9rite de faire le bonheur de certains cabinets de consultants et autres num\u00e9ros verts…<\/span>
\n<\/span>
\nFace \u00e0 l’augmentation du stress au travail, des mesures suppl\u00e9mentaires sont indispensables.<\/strong><\/span>
\nIl faut d’abord r\u00e9-\u00e9valuer les cons\u00e9quences du stress professionnel. Les \u00e9tudes qui ont \u00e9t\u00e9 faites datent d\u00e9j\u00e0 de plusieurs ann\u00e9es et portent soit sur l’Europe, soit sur l’int\u00e9gralit\u00e9 du territoire national.
\nUne enqu\u00eate sur l’\u00cele de France serait appropri\u00e9e<\/span>. Il existe un questionnaire d’\u00e9valuation du stress professionnel, le questionnaire de Karasek (copyright, universit\u00e9 du Massachusetts). Celui-ci existe d\u00e9j\u00e0 en langue fran\u00e7aise et a fait l’objet d’\u00e9tudes de validation. Il\u00a0 est simple, rapide et porte sur plusieurs aspects du travail. Ce questionnaire peut \u00eatre rempli par le salari\u00e9. Bien s\u00fbr son administration comporte des d\u00e9fauts (comme toute \u00e9valuation), mais il a l’avantage d’\u00eatre valid\u00e9, rapide et reconnu.<\/p>\n

Si les r\u00e9sultats d\u00e9montrent que le ph\u00e9nom\u00e8ne est d’une grande importance et qu’il a un impact \u00e0 la fois sur la sant\u00e9 des individus, sur les d\u00e9penses de l’\u00c9tat et sur la productivit\u00e9 des entreprises, il serait int\u00e9ressant de renforcer les dispositifs existants
\n\u2212\u00a0\u00a0\u00a0 en proposant des consultations aupr\u00e8s de psychologues plus facilement accessibles dans les centres de m\u00e9decine du travail par exemple
\n\u2212\u00a0\u00a0\u00a0 mais surtout en effectuant des campagnes de sensibilisation afin de changer l’organisation du travail en profondeur, aussi bien dans le secteur public que priv\u00e9.
\nCette campagne doit \u00eatre suivie de mesures<\/strong> vis-\u00e0-vis notamment des entreprises et institutions \u00e0 risque (cela suppose une \u00e9valuation de chaque entreprise et institution,\u00a0 qui est cens\u00e9e \u00eatre obligatoire avec le document unique d’\u00e9valuation des risques psychosociaux depuis 2001. Dans les faits, ce travail est b\u00e2cl\u00e9, insuffisant et les sanctions p\u00e9nales \u00e0 l’\u00e9gard des entreprises commettant des \u00ab\u00a0oublis\u00a0\u00bb peu dissuasives).
\n<\/span><\/p>\n

La question de la \u00ab\u00a0valeur travail\u00a0\u00bb \u00e9tant au c\u0153ur des d\u00e9bats, permettons nous de rappeler que le souci de bien faire est au c\u0153ur du malaise au travail de nombreux salari\u00e9s. Donner aux salari\u00e9s les moyens de bien faire son travail ne serait-il pas la meilleure fa\u00e7on de r\u00e9habiliter le travail ?<\/span><\/p>\n

Aur\u00e9lie A.
\nPsychologue clinicienne
<\/span>
\nBibliographie
\n1. Sant\u00e9 et Travail n\u00b060
\n2. Sant\u00e9 et Travail n\u00b063
\n3. Sant\u00e9 et Travail n\u00b064
\n4. Rapport Nasse-Legeron
\n5. http:\/\/www.inrs.fr\/htm\/le_stress_au_travail.html<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

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